"C'est une fille !" a annoncé mon père lorsque ma mère a accouché. Celle-ci, folle de joie, a tenu à me donner le prénom de ma grand-mère maternelle, Elexis, ainsi que son propre prénom, Iléana, et pour finir, le prénom de mon autre grand-mère, d'origine française, Kalistée. Mes parents étaient tout deux moldus, mais ma mère côtoyait le monde des sorciers; elle était professeur d'étude des moldus à Poudlard, dans le temps, avant qu'il soit prit d'assaut par de nombreux membres du Conseil, et elle espérait fortement me voir devenir une grande sorcière, enfin, si j'en étais une. En revanche, son père ne comprenait strictement rien à ce monde, et ne faisait pas tellement d'efforts pour en apprendre un peu plus au sujet de la sorcellerie. Malgré ces points négatifs, nous formions une famille unie, même si mon père avait le double de l'âge de ma mère. Ça a choqué plus d'une personne, mais nous étions heureux comme ça. Les années passaient, et le jour de mes onze ans, j'ai reçu une lettre avec ce fameux logo rouge, celui de Poudlard. D'une main fébrile, j'ai pris le papier et commencé alors à le lire lentement. Je n'en revenais pas. Au mois de septembre, j'allais entrer dans la plus célèbre école de sorcellerie de tous les temps. J'étais tellement heureuse, mes parents n'en revenait pas. Ma mère espérait tellement avoir une fille qui posséderait des pouvoirs magiques, et maintenant, elle en avait la certitude, car, étant enfant, je n'avais manifesté aucun pouvoir surnaturel. En revanche mon père fut soulagé. En effet, il avait peur que ma mère et moi soyons "folles". Il est vrai que quand on est quelqu'un qui n'a eu aucun contact avec ce monde, on peut se poser des questions. Dès le lendemain, je suis allée sur le chemin de traverse acheter mes fournitures scolaires avec mon père, ma mère étant déjà à Poudlard pour préparer son année d'enseignement d'études des moldus. Durant tout le reste des vacances, je trépignais et m'impatientais, j'avais hâte que la rentrée arrive.
Enfin, j'y étais. La voie neuf trois quart, mon rêve. Je suis arrivée bien en avance. La voie était peu peuplée, et j'ai eu largement le temps de me trouver un compartiment et de bien ranger mes affaires. Après quelques heures d'attente, l'heure du départ était arrivée, et après de chaleureux au revoir à mon père, je suis montée dans le Poudlard Express, et le train à démarré. J'étais seule dans mon compartiment jusqu’à ce qu'après quelques minutes, une élève qui semblait un peu perdue est venue toquer à la porte, je lui ai fait signe d'entrer et elle m'a fait comprendre qu'elle était elle aussi seule et qu'elle n'avait nulle part où aller. C'est donc avec plaisir que j'ai accepté qu'elle vienne s’asseoir avec moi. Nous discutions. Elle s'appelait Liz, et allait aussi faire sa rentrée à Poudlard, ce qui m'a rassuré. J'ai aussi appris qu'elle était née-moldue, tout comme moi. Liz ne le vivait pas bien, elle savait que la plupart des élèves de l'école de magie "repoussaient", en quelque sorte, tout ceux qui n'étaient pas sang-purs. Ça m'a profondément choquée, je ne savais pas si je devais la croire ou non, personne avant Liz ne m'avait raconté un telle chose. Il s’avérait qu'elle avait raison. A peine, suis-je sortie du train, que fusaient les première insultes. Comment savaient-ils qui étaient les nés-moldus parmi ces nombreux écoliers de première année ? Honnêtement, je ne comprenais rien à la situation. J'ai tout simplement fait comme si de rien était. Le garde-chasse est rapidement venu nous chercher et nous a emmené au château. Qu'il était beau, encore mieux que dans mes rêves les plus fous. Une façade immense, un ensemble un peu farfelu et tellement grand, je ne savais pas où donner de la tête. La Grande Salle portait bien son nom. Avec son plafond orné de bougies qui lui donnait déjà une impression de hauteur à n'en plus finir, la superficie de la pièce était impressionnante. Des regards accueillants ou méprisants de la part de différents élèves étaient fixés sur les nouveaux de première année. Un sentiment de jugement m'a envahi en une fraction de seconde, je n'avais jamais ressenti ça avant. La cérémonie de la répartition venait de commencer. J'attendais patiemment mon tour, en me demandant bien dans quelle maison me conviendrait le mieux. "Elexis Jenkins !" je me suis levée d'un bond et je me suis assise sur un tabouret. Le choixpeau était posé sur ma tête. Il n'a pas eu à réfléchir bien longtemps, car seulement après quelques secondes d'attente, il a donné son verdict. Serdaigle était désormais ma maison, et je dois admettre que ce choix ne me déplaisait en rien. J'ai été encore plus heureuse lorsque j'ai appris que Liz avait aussi atterri dans la même maison que moi. J'ai un peu eu de mal à trouver mes marques au début, mais après des mois passé à Poudlard, j'avais déjà découvert une majeure partie des secrets que cachait ce château fascinant. Je suis passée en deuxième année brillamment. Liz était toujours mon amie, et même si on était que deux, on se complétait bien et passait de bons moments ensemble, malgré les insultes incessantes. Au fil des années, les moqueries devenaient de plus en plus blessantes, et il était difficile pour moi de surmonter une telle douleur, et il m'arrivait souvent de pleurer le soir sous ma couette. Un événement marquant s'est produit durant ma cinquième année; un grand bal d'Halloween était organisé, et tous les élèves étaient invités. J'y suis arrivée vêtue d'une robe rouge, plutôt moulante, et de petits escarpins noirs. Je m'attendais à passer une bonne soirée malgré tous mes problèmes, ce n'était pas le cas. Mon verre à portée de main, je dansais, m'amusais. Je n'avais pas remarqué qu'une personne avait versé du poison dans mon verre, et c'est tout naturellement que j'ai bu le reste de ma boisson. Cela avait un goût étrange. Et d'un coup, c'était le trou noir. Je me suis souvenue avoir poussé un cri terrifiant, avoir senti mon corps lourd, puis enfin m'être effondrée sur le sol. J'ai à peine eu le temps d'entendre quelques cris d'effroi que je commençais à m'endormir. Je suis réveillée un mois et demi plus tard à l'hôpital Sainte-Mangouste sans me souvenir de ce qui s'était passé. A mes côtés se trouvaient mes parents et mon amie. Je n'en revenais pas lorsque Liz m'avait raconté ce qu'il s'était produit. J'ai été empoisonnée. Pourquoi ? Était-ce prévu, ou cette personne avait choisi un sang-de-bourbe au hasard ? Voulait-il vraiment la mort de quelqu'un ? Personne ne connait les réponses. D'après le médecin, il me restait encore trois mois avant de pouvoir sortir de l'hôpital. Génial. Je n'avais vraiment pas envie, mais je me devais de rester ici. Les jours me semblaient interminables, le temps était long, je n'avais qu'une hâte : retourner à Poudlard. Quand enfin, les trois mois étaient écoulés, je me mis joyeusement à préparer mes valises. Je m'apprêtais à rejoindre le hall quand mon père est entré dans ma chambre l'air affolé, paniqué et désespéré. Je ne comprenais pas très bien la situation. En pleurant, mon père m'a annoncé "Elexis, ma chérie, il.. il y a eu une terrible.. une affreuse bataille à Poudlard.. les mangemorts se sont révoltés.. il y a eu des morts.. l'école est détruite.." J'étais paniquée à mon tour, stressée même "Et maman ? Et Liz ?" Mon père pleurait alors de plus en plus fort, et la j'ai compris.. Ma mère n'était plus de ce monde, et Liz non plus. Entre deux sanglots, mon père m'expliqua que plusieurs corps avaient été retrouvés parmi les décombres, et que parmi eux se trouvaient celui de la professeur d'études des moldus, ainsi que ma seule amie. Je ne pouvais pas le croire. Je ne trouvais même pas la force de verser la moindre larme. Décidément, rien ne me réussi. J'ai perdu ma mère et ma seule amie. Mais pourquoi étais-je encore là ? Je préférerais mourir à leur place, je ne méritais pas de rester en vie. Je devais rentrer à Poudlard, l'hôpital étant rempli de victimes ayant assistées à la bataille. Lorsque je suis arrivée à l'école, j'ai pu constater par moi-même l'ampleur des dégâts. Même si les professeurs restant tentaient d'assister leur cours du mieux qu'ils le pouvaient, on voyait bien que ceux-ci et les élèves étaient profondément choqués et anéantis. Les jours, les semaines passaient et l'école renaissait petit à petit. Malgré un bilan humain assez conséquent, tout le monde essayait de surmonter cette sombre période mémorable. N'ayant plus d'amie, et de mère à qui me confier, je me suis renfermée sur moi-même. Je pleurais tous les jours, j'essayais d'oublier, mais c'était impossible. Je suis restée dans cet état d'esprit jusqu'à ma sortie de l'école de magie. C'était un lourd poids en moins de quitter cet endroit où se renfermait tant de mauvais souvenirs, tant de douleur et de haine.
Je ne savais pas trop quoi faire après avoir quitté Poudlard. L’hypocrisie des sang-purs envers les nés-moldus était inadmissible. Plus le temps passait, plus des lois interdisant certains droits aux sang-impurs étaient votées. J'ai réfléchi un bon moment sur cette injustice. Je savais que mon choix de "métier", si on pouvait appeler ça un métier, était mal, et que je risquais ma vie. Mais c'était le seul moyen pour moi d'aider les nés-moldus. Au fil des années, je suis devenue maître dans l'art de trafiquer les cartes d'identités sur lesquelles doivent impérativement être inscrit votre sang. Grâce à moi, vous passiez de sang de bourbe à sang-mêlés sans soucis.
"Escroc", si vous préférez, c'est que je suis maintenant de toute façon. Vous trouvez ça juste que les sang-impurs soient considérés comme des minables ? Peu importe si je suis envoyée à Azkaban, ou si je suis torturée. Je continuerai à aider ces sorciers, car ils n'ont pas à subir ce que j'ai subi. Ils n'ont pas à souffrir autant que j'ai souffert. Ils méritent d'avoir une belle vie, et tant pis si ça doit me coûter la mienne.