De nos jours
Étendues sur le pavé humide, Isobel ouvrit tant bien que mal les yeux vers cette forme chétive et sombre qui venait de lui sauver la vie. Elle le vit immobile, fixant cette chose immobile qui gisait à côté d'elle, puis retournant son regard vers elle. «
On s'en sortira. » semblait-il dire après avoir disparu de son champ de vision.
Isobel ré-entendit alors la voix inquiète de la jeune fille qui avait tenté de l'aider quelques minutes plus tôt. Sa respiration haletante entrecoupée de sanglot laissait parfois échapper des paroles d'incompréhension, jusqu'à ce qu'elle réussisse à se calmer & à parler plus distinctement. «
On peut pas la laisser là, il faut faire quelque chose. ». Isobel leva ses yeux enflés vers le ciel sombre, laissant échappé une larme le long de sa joue. Elle aurait tellement souhaiter se réveiller, réaliser que tout cela n'était qu'un mauvais rêve et que personne ne l'avait traqué jusqu'ici pour la battre, presque à mort, pour lui faire avouer des choses dont elle n'avait aucune idée.
«
Cache son visage, s'ils la voit dans cet état ils se poseront des questions. Pareil pour toi. ». Elle sentit alors des mains sur son corps inerte, s'affairant à la couvrir le plus possible.
Essayez de marcher s'il vous plait. Je sais que vous devez beaucoup souffrir, mais il faut que vous fassiez un effort .. Venez. ». Ils la mirent debout et elle prit appui sur leurs épaules, donnant toute la force qui lui restait pour poser un pied devant l'autre.
Elle ne se souvint plus du nombre de fois où ils durent la soulever à nouveau alors qu'elle s'évanouissait dans la rue, ni du temps qu'ils mirent à rejoindre cette auberge discrète et miteuse où ils la laissèrent après avoir nettoyé ses blessures, ni du temps qu'elle avait passé à dormir dans cette chambre qu'ils avaient prépayé pour la semaine.
A son réveil, elle se souvenait par contre étonnement bien de la peur qu'elle avait ressenti lorsque l'homme avait asséné son premier coup, et de la douleur qu'elle avait ressenti, & qu'elle ressentait encore.
Après ça, Isobel passa des journées entières cloîtrée chez elle, à ressasser encore & encore les détails de cette soirée, rassemblant petit à petit les pièces du Puzzle.
Et puis un jour, on frappa à sa porte. Elle canalisa sa peur & après multiples vérifications, elle ouvrit à cette homme, la baguette prête derrière son dos.
Ses paroles furent claires, limpides, évidentes. Il lui expliqua tout, et elle comprit alors pourquoi. Enfin, il lui proposa de l'aider, et après quelques jours de réflexion elle accepta de tout quitter pour le suivre, lui & ses semblables.
Elle savait qu'ils était sa seule chance, qu'il ne pouvait y avoir qu'eux face à ses montres qui lui avait fait du mal, et qui s'affairait déjà à la retrouver.